REMPOTAGE D'UN BONSAÏ
Si toute plante en pot doit être rempotée périodiquement, cette opération fait partie intégrante de la création et de l’entretien des bonsaï. Elle repose sur des techniques spécifiques et parfois surprenantes de premier abord. S’il ne restait qu’une seule activité d’entretien des bonsaï, en dehors de l’arrosage bien entendu, ce serait le rempotage !
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S’il ne restait qu’une seule activité d’entretien des bonsaï, en dehors de l’arrosage bien entendu, ce serait le rempotage !
Le développement d’arbres en pots nécessite un système racinaire adapté, capable d’absorber principalement l’eau, mais également les éléments nutritifs, dans de bonnes conditions.
Contrairement aux idées reçues, le but n’est pas d’apporter des éléments nutritifs (ils sont lessivés du sol en moins d’un mois), mais de permettre à l’arbre de renouveler son système racinaire.
Cependant, le substrat se dégrade dans le temps et perd de ses qualités ; il devient trop compact. Le rempotage permet également de retrouver un support de culture aux caractéristiques adaptées.
Ce qui est en haut ...
Le mode de développement des racines influe fortement sur celui des branches … et réciproquement.
Ainsi, un système racinaire de type pivot est souvent associé à des arbres à forte croissance verticale (chênes, par exemple).
A contrario, des arbres aux racines se développant en surface, comme les érables du japon, on plus tendance à étaler leurs branches horizontalement.
Dans la nature, le volume des racines s’équilibre avec celui du feuillage : un volume de « masse verte » pour un volume du pain racinaire.
Le mode de taille des racines des bonsaï favorisant les racines « utiles », celles qui servent à l’alimentation de l’arbre en eau et nutriments, permet de diminuer cette proportion au profit des feuilles.
Si, globalement, les caducs se rempotent en mars et les conifères en avril, le principe consiste à surveiller attentivement le grossissement des bourgeons à bois. S’ils commencent à gonfler, c’est le moment de rempoter. S’ils ont commencé à s’ouvrir, c’est trop tard !
Certaines espèces peuvent supporter des rempotages plus tardifs, comme les azalées pour lesquelles on peut attendre la fin de la floraison, soit mai, ou les pins qui peuvent accepter un rempotage en automne, période de croissance des racines presque équivalente à celle du printemps.
Les racines des arbres ont trois fonctions principales : assurer l’ancrage au sol, stocker des réserves énergétiques sous forme de glucide, et permettre l’absorption de l’eau et des éléments nutritifs.
Dans un pot, l’espace de développement des racines est très limité ; il nous faut donc arbitrer en faveur de la fonction nécessaire à la survie de l’arbre : l’eau et la nourriture. L’assimilation de ces éléments est réalisée au niveau des poils absorbants situés uniquement aux extrémités des radicelles. Plus elles sont nombreuses, plus l’arbre dispose de possibilité de capter les éléments nécessaires à sa bonne santé.
Le principal but technique du rempotage est de renouveler et de multiplier les plus fines radicelles. Il est également d’éliminer le plus possible les éléments qui ne participent pas à cette fonction comme, les grosses racines lignifiées ou celles qui poussent directement sous le tronc principal.
Dans certaines cultures, les arbres sont les liens unissant la Terre au Ciel. Les racines constituent celui qui relie l’arbre à la Terre. Quoi de moins esthétique que l’aspect visuel qu’un simple bâton planté dans le sol ? Des racines visibles, harmonieusement réparties autour du tronc, renforçant et soulignant son angle par rapport au sol, sont le but à atteindre.
Cependant, cette construction ne se fait pas du jour au lendemain. Elle est le fruit d’un travail lent et minutieux. En effet, si la taille des branches est immédiatement visible et peut être renouvelée plusieurs fois par an, celle des racines ne peut intervenir qu’au moment du rempotage, à une fréquence annuelle au mieux, mais le plus souvent tous les deux à trois ans.
Le temps du rempotage est donc un moment privilégié de découverte des résultats des choix réalisés parfois plusieurs années auparavant, et l’heure des décisions qui conditionneront un futur pluriannuel.
La mise à nue de l’intégralité du pain racinaire à pour but remplacer l’intégralité du substrat non seulement autour de la motte, mais également en son cœur.
Tout substrat, quelles que soient ses qualités, finit toujours par se dégrader : à un moment ou à une autre, la mise à nue des racines est nécessaire.
Le substrat devient compact et ne laisse plus pénétrer ni eau ni air. Les racines emprisonnées finissent par pourrir.
De plus, la masse des racines comprises dans ce bloc ne peut pas être travaillé pour être ramifiée.
A ce stade, les racines sont simplement démêlées en tapotant progressivement le motte, d’abord sur l’extérieur, ensuite sur le dessous et, enfin, sur le dessus à l’aide d’un outil de type baguette ou croc.
Les racines ne sont pas tirées vers l’extérieur ; elles se libèrent grâce à l’action de l’outil.
Tout l’ancien substrat, et surtout celui le plus proche du tronc, doit donc être enlevé pour pouvoir commencer un rempotage efficace.
Il peut être intéressant de conserver un peu de l’ancien substrat pour l’ajouter au nouveau de manière à l’ensemencer en mycorhizes.
A mesure du l’avancée en âge de l’arbre et moyennant l’utilisation d’un substrat qui ne se dégrade que lentement au cours du temps, il est possible de ne plus effectuer cette mise à nue que lors d’un rempotage sur 2 - voire moins souvent - selon l’état du cœur de la motte. On ne change alors le substrat qu’en sa périphérie.
Le principe « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » est également applicable à la taille.
Ainsi, la taille des racines des arbres à feuilles caduques est proche, dans son principe, à celles des branches : la ramification est relativement facile, le « bourgeonnement » arrière est sereinement envisageable, les grosses plaies doivent être mastiquées, …
De même, la taille des conifères est plus complexe : la ramification est plus difficile. Il est souvent illusoire d’imaginer faire apparaître des radicelles à l’endroit d’une coupe de grosse racine. Il est plus prudent de s’appuyer sur des racines secondaires pour réduire progressivement la longueur des plus grosses. Les grosses plaies doivent également être mastiquées.
Le pain racinaire doit disposer de place pour se développer dans son nouveau pot.
Dans un espace trop réduit les racines s’enrouleraient à l’intérieur de la surface externe du pot ; dans un espace trop important, les racines grossiraient trop fortement.
Selon la taille du pot, on laisse un espace libre entre 0,5 et 2 cm.
Il est souhaitable de préparer le nouveau pot avant de sortir l’arbre de l'ancien.
Cependant, si on conserve l’ancien pot ou que la taille du nouveau ne peut pas être déterminée à l’avance, l’arbre peut un peu attendre, racines nues.
La préparation consiste à poser les grilles de drainage et le dispositif de fixation de l’arbre.
Si la nécessité d’éviter absolument toute eau stagnante ne fait pas débat (cf. arrosage), la présence d’une couche de drainage au fond du pot peut être matière à réflexion.
En effet, dans des pots plats, d’une hauteur de 2 à 3 cm, introduire une couche de drainage réduit d’autant plus le volume de substrat pouvant être considéré comme utile.
Hors, les pots plats drainent plus difficilement l’eau excédentaire que les pots plus profonds : c’est une question de hauteur de colonne d’eau.
Le principe est donc de toujours introduire une couche de drainage constituée d’un substrat similaire au principal, mais dans une granulométrie plus élevée. Ainsi, l’eau est mieux évacuée et le volume utile n’est pas complètement perdu, puisque que les racines peuvent également s’y développer dans de bonnes conditions.
Lors du remplacement du substrat, un risque est de créer des poches d’air dans le pot. Si elles ne sont pas mortelles, elles ne permettent pas aux racines d’être en contact avec l’eau. Celles qui s’y trouvent emprisonnées dépérissent. Comme le nombre de racines dans un pot à bonsaï est faible, il est préférable de les conserver toutes en bonne santé.
Trois mesures principales permettent d’éviter ces problèmes :
Après toutes les précautions prises pour bien positionner l’arbre et s’assurer la bonne répartition du substrat, il serait dommage qu’une bourrasque de vent ou un animal vienne perturber le bon agencement de l’ensemble.
Il faut donc fixer l’arbre au pot en utilisant des fils métalliques passés par les trous de drainage ou en réalisant des ligatures en raphia.
Si ces dernières se désagrègent naturellement au bout de quelques mois en ne laissant aucune trace, il est nécessaire de surveiller la pénétration des fils métalliques dans les racines sur lesquelles elles sont fixées et les enlever à la première alerte.
Le délai peut être allongé en passant le fil dans un tuyau de type « alimentation en air d’aquarium » ou en ajustant une pièce de caoutchouc au point de contact entre le fil et les racines.
Le premier arrosage revêt une importance toute particulière en poursuivant plusieurs objectifs :
Concrètement :
Où placer l’arbre après rempotage ? Cette question fait débat.
On admet couramment qu’il faut placer le bonsaï à l’ombre après rempotage, pendant environ un mois, pour lui permettre de reconstituer de nouvelles racines et de retrouver un équilibre avec le volume du feuillage.
Cependant, pour un arbre placé à l’ombre, les racines ne se réchauffent pas facilement, surtout au cours du mois d’avril qui suit habituellement la période de rempotage. La température est cependant un facteur clé de leur développement.
Sauf dans des cas particuliers (taille de plus de 50%, périodes exceptionnellement chaudes ou ensoleillées pour la saison) le plus simple est de replacer les pots à leur emplacement initial, leur évitant ainsi un autre stress : le changement brutal d’exposition.
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dernière mise à jour : 27 novembre 2023