Après une année exceptionnellement et tardivement chaude, les températures semblent devoir retrouver des normales de saison : nos bonsaï passent maintenant en phase de repos hivernal. Au cours de cette période, les conifères et les arbres à feuilles persistantes conservent cependant une légère activité.
Décembre est une période favorable à la réflexion pour préparer les travaux à venir, en particulier sur les caducs qui exposent bien la structure de leurs branches … mais par quoi commencer ?
Une nouvelle rubrique «Evaluer l’avancement d’un bonsaï» propose une approche en six niveaux permettant d’identifier l’état actuel de formation d’un bonsaï et de déterminer les travaux sur lesquels concentrer ses efforts. Elle repose sur l’idée que procéder par étapes successives permet de raccourcir les délais avant d’atteindre un arbre présentable en exposition ... en évitant les retours arrière dans sa mise en forme. L’évolution d’un bonsaï au cours de sa vie ne suit pas nécessairement le chemin que nous souhaitions au départ, nécessitant parfois des reconstructions. L’ambition de la démarche proposée est de s’appliquer à tout moment, du stade de jeune plan à la reconstruction d’un spécimen mature.
Hors période de gel, la sève continue à circuler dans les branches des pins mais son flux est fortement ralenti. Les éventuelles petites fractures engendrées par la ligature risquent moins de laisser échapper des coulées de sève importantes. Les cellules écrasées ou comprimées par la torsion des branches disposent cependant de suffisamment de ressources pour se remettre de l’opération. L’arbre est capable de réagir en bloquant l’entrée des maladies dans le bois.
La période est donc favorable à la mise en forme des pins par la ligature. Elle n’est à envisager, comme toujours, que sur des arbres en pleine forme. En dehors de quelques espèces dites fortes (aptes à émettre deux fois des aiguilles dans l’année), il est également préférable de ne pas ligaturer les pins qui doivent être rempotés au printemps prochain, leur évitant ainsi deux stress consécutifs.
Une taille au moment même de la chute des feuilles est particulièrement recommandée pour les espèces dont le flux de sève redémarre très tôt en saison, comme les érables ou les bouleaux.
A partir de mi-novembre, dans les climats tempérés, l’ensemble des espèces passe en dormance hivernale pendant laquelle les caducs n’ont pratiquement plus d’activité.
Plus la taille est réalisée à un moment éloigné du printemps, plus l’application du mastic est nécessaire de façon à éviter le développement de maladies contre lesquelles l’arbre, en dormance, ne pourra pas réagir.
A l’automne les feuilles des caducs et les aiguilles des pins tombent sur la surface des pots.
Dans la nature, elles sont dégradées naturellement et constituent l’humus bénéfique à la croissance des plantes. A l’échelle des pots à bonsaï, elles n’ont ni la masse critique, ni les auxiliaires (animaux ou végétaux) suffisants pour leur dégradation.
Elles constituent un parapluie empêchant l’eau de pénétrer dans le pot et sont souvent porteuses, en leur fin de vie, de maladie fongiques. Un bon geste de prévention consiste donc à les éliminer.
Un traitement fongicide standard (cuivre ou bicarbonate de soude, en cette saison) est possible dès que toutes les feuilles sont tombées.
Avec l’arrivée de l’hiver, il faut revenir aux fondamentaux de l’arrosage qui doit s’adapter aux besoins de chaque arbre. Une bonne façon d’aborder le sujet est de s’intéresser au milieu d’origine de chacun d’entre eux.
Les arbres de haute montagne passent un hiver plutôt sec, l’eau du sol étant gelée et les précipitations prennent la forme de neige. Le substrat, normalement déjà très drainant, doit bien sécher entre deux arrosages. L’exemple typique est le pin blanc du Japon (Pinus parviflora) qui supporte mal un excès d’humidité en hiver. Les mélèzes ont des réactions du même type, bien que moins marquées.
Les arbres des plaines des climats tempérés, quant à eux, apprécient de conserver une humidité des racines durant les mois les plus froids. Notre arrosage doit s’adapter tout en respectant toujours la règle selon laquelle l’arrosage ne doit intervenir que lorsque le substrat est sec en surface.
De façon à permettre aux graines de trouver des conditions favorables de développement, les arbres ont développé des mécanismes adaptés à leur milieu.
Si, dans les zones équatoriales, les graines sont aptes à germer dès qu’elles tombent au sol, il n’en est pas de même dans les régions tempérées ou de montagnes. Dans ces zones, un développement trop hâtif en saison expose les jeunes plantules au gel.
En montagne, le gel bloque la germination. La plupart des espèces originaire de ce milieu peuvent être semées directement.
Pour les celles des zones tempérées, les graines nécessitent souvent une période de maturation de plusieurs mois au froid à l’issue de laquelle elles seront aptes à germer : c’est la stratification froide. C’est dès maintenant qu’il est nécessaire de leur appliquer cette technique si nous souhaitons que les semis lèvent au printemps.
Sous des climats océaniques ou semi-océaniques tempérés, les conditions hivernales ne posent pas réellement de problèmes aux espèces locales ou montagnardes, sous réserve d'un substrat adapté et que les températures ne descendent pas en dessous de moins 10°C pendant moins de deux ou trois jours consécutifs.
Cependant, pour les jeunes plans, les plus petits bonsaï et certaines espèces aux racines charnues, il convient d’appliquer les mesures d’hivernage, normalement préparées depuis le mois de novembre.
Le problème principal est celui de la disponibilité en eau au niveau des racines : lors d’une période de gel prolongé, même si les mécanismes de défense de l’arbre contre le froid sont efficaces, ce dernier peut dessécher sur pied. Les mesures de protection visent essentiellement à limiter la durée des périodes de gel du pot pour permettre l’hydratation de l’arbre.
Copyright © 2008 - 2023 - Tous droits réservés
dernière mise à jour : 27 novembre 2023