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Avec l’entrée en décembre et malgré les variations climatiques soudaines de ces dernières semaines en France, nos arbres sont maintenant au repos. La plupart d’entre eux réagissent non seulement à la baisse des températures, mais également à la diminution de la durée du jour qui, quant à elle, est parfaitement prévisible.
Pendant l’hiver, il nous est parfois difficile de restreindre nos interventions pour nous synchroniser avec les rythmes de la nature, tant nous avons hâte de faire avancer la formation de nos bonsaï vers une esthétique rêvée et, peut-être, selon un chemin idéalement planifié.
Il en est de même avec les différentes étapes de mise en forme d’un arbre pour qu’il puisse dignement porter le nom de bonsaï. Après la mise en place de racines aptes à l’alimenter dans le volume réduit d’un pot, la construction du tronc et la création de l’architecture des branches, nous en arrivons à la phase de raffinement à l’issue de laquelle l’arbre devient complètement bonsaï.
Comme suivre le rythme des saisons pour nos travaux est essentiel à la santé de l’arbre, respecter ces étapes est crucial pour son esthétique.
Mais comment aborder le sujet ?
Une nouvelle rubrique «Comment améliorer l'esthétique d'un bonsaï en fin de formation» propose des pistes de travail fondées sur ce que nous montre la nature. N’est-ce pas ce que nous attendons quand nous observons nos arbres en miniature ?
Bien qu’il faille restreindre nos travaux en cette période, il est tout de même bien utile de d’entreprendre certaines interventions en décembre.
Hors période de gel, la sève continue à circuler dans les branches des pins mais son flux est fortement ralenti. Les éventuelles petites fractures engendrées par la ligature risquent moins de laisser échapper des coulées de sève importantes. Les cellules écrasées ou comprimées par la torsion des branches disposent cependant de suffisamment de ressources pour se remettre de l’opération. L’arbre est capable de réagir en bloquant l’entrée des maladies dans le bois.
La période est donc favorable à la mise en forme des pins par la ligature. Elle n’est à envisager, comme toujours, que sur des arbres en pleine forme. En dehors de quelques espèces dites fortes (aptes à émettre deux fois des aiguilles dans l’année), il est également préférable de ne pas ligaturer les pins qui doivent être rempotés au printemps prochain, leur évitant ainsi deux stress consécutifs.
Une taille au moment même de la chute des feuilles est particulièrement recommandée pour les espèces dont le flux de sève redémarre très tôt en saison, comme les érables ou les bouleaux.
A partir de mi-novembre, dans les climats tempérés, l’ensemble des espèces passe en dormance hivernale pendant laquelle les caducs n’ont pratiquement plus d’activité.
Plus la taille est réalisée à un moment éloigné du printemps, plus l’application du mastic est nécessaire de façon à éviter le développement de maladies contre lesquelles l’arbre, en dormance, ne pourra pas réagir.
A l’automne les feuilles des caducs et les aiguilles des pins tombent sur la surface des pots.
Dans la nature, elles sont dégradées naturellement et constituent l’humus bénéfique à la croissance des plantes. A l’échelle des pots à bonsaï, elles n’ont ni la masse critique, ni les auxiliaires (animaux ou végétaux) suffisants pour leur dégradation.
Elles constituent un parapluie empêchant l’eau de pénétrer dans le pot et sont souvent porteuses, en leur fin de vie, de maladie fongiques. Un bon geste de prévention consiste donc à les éliminer.
Un traitement fongicide standard (cuivre ou bicarbonate de soude, en cette saison) est possible dès que toutes les feuilles sont tombées.
Avec l’arrivée de l’hiver, il faut revenir aux fondamentaux de l’arrosage qui doit s’adapter aux besoins de chaque arbre. Une bonne façon d’aborder le sujet est de s’intéresser au milieu d’origine de chacun d’entre eux.
Les arbres de haute montagne passent un hiver plutôt sec, l’eau du sol étant gelée et les précipitations prennent la forme de neige. Le substrat, normalement déjà très drainant, doit bien sécher entre deux arrosages. L’exemple typique est le pin blanc du Japon (Pinus parviflora) qui supporte mal un excès d’humidité en hiver. Les mélèzes ont des réactions du même type, bien que moins marquées.
Les arbres des plaines des climats tempérés, quant à eux, apprécient de conserver une humidité des racines durant les mois les plus froids. Notre arrosage doit s’adapter tout en respectant toujours la règle selon laquelle l’arrosage ne doit intervenir que lorsque le substrat est sec en surface.
De façon à permettre aux graines de trouver des conditions favorables de développement, les arbres ont développé des mécanismes adaptés à leur milieu.
Si, dans les zones équatoriales, les graines sont aptes à germer dès qu’elles tombent au sol, il n’en est pas de même dans les régions tempérées ou de montagnes. Dans ces zones, un développement trop hâtif en saison expose les jeunes plantules au gel.
En montagne, le gel bloque la germination. La plupart des espèces originaire de ce milieu peuvent être semées directement.
Pour les celles des zones tempérées, les graines nécessitent souvent une période de maturation de plusieurs mois au froid à l’issue de laquelle elles seront aptes à germer : c’est la stratification froide. C’est dès maintenant qu’il est nécessaire de leur appliquer cette technique si nous souhaitons que les semis lèvent au printemps.
Sous des climats océaniques ou semi-océaniques tempérés, les conditions hivernales ne posent pas réellement de problèmes aux espèces locales ou montagnardes, sous réserve d'un substrat adapté et que les températures ne descendent pas en dessous de moins 10°C pendant moins de deux ou trois jours consécutifs.
Cependant, pour les jeunes plans, les plus petits bonsaï et certaines espèces aux racines charnues, il convient d’appliquer les mesures d’hivernage, normalement préparées depuis le mois de novembre.
Le problème principal est celui de la disponibilité en eau au niveau des racines : lors d’une période de gel prolongé, même si les mécanismes de défense de l’arbre contre le froid sont efficaces, ce dernier peut dessécher sur pied. Les mesures de protection visent essentiellement à limiter la durée des périodes de gel du pot pour permettre l’hydratation de l’arbre.
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dernière mise à jour : 30 novembre 2024