PLAN DE TRAVAIL POUR UN BONSAÏ
Même si c’est contre intuitif pour les débutants, le meilleur moyen de vérifier l’état de santé d’un bonsaï est de s’assurer de sa croissance : si les branches se développent vigoureusement avec un feuillage abondant, il est en bonne santé, dans le cas contraire, il ne l’est pas.
Un arbre qui n’est pas en pleine forme ne doit pas être travaillé : il ne serait pas en mesure de réagir correctement à nos interventions.
L’arbre équilibre naturellement son système racinaire avec sa partie aérienne ; toute intervention sur cette dernière entraîne donc des conséquences à l’intérieur du pot. La taille de grosses branches peut faire mourir des racines, alors que le développement de la ramure peut être entravée si les racines n’ont plus de place pour se développer.
Dans le cas où le pain racinaire n’est pas en bon état, mieux vaut rempoter avant de commencer d’autres travaux.
Le maintien de la forme d’un bonsaï est un objectif à relativement court terme, dans le but de la présenter à une exposition, par exemple.
Le pincement permet de conserver la forme de la ramure, en évitant que de jeunes pousses n’en dépassent.
Dans la pratique, l’arbre ne peut survivre qu’en se développant. Il est donc toujours nécessaire de la faire évoluer à un moment ou un autre.
Moyens : pincements,engrais
Il peut être nécessaire de faire grandir ou grossir une branche, pour améliorer les plus basses de l’arbre, ou de faire grossir un tronc, dans le cas de jeunes plans ou de restructuration d’un bonsaï plus âgé.
Le pincement est alors à proscrire : en enlevant le bourgeon terminal, on limite la production d’auxine, une hormone pilotant la croissance : la branche ou le tronc ne grandit ni ne grossit plus.
Moyens : laisser pousser, engrais
Les branches ont une tendance naturelle à se développer en s’éloignant du tronc, à la recherche de toujours plus de lumière.
Un de nos défis est de maintenir une ramure compacte et dense, près du tronc, tout en laissant passer suffisamment d’air et de lumière. Cependant, certaines espèces répondent tellement bien à cette demande qu’il est nécessaire de restructurer régulièrement le bonsaï pour éviter qu’il ne présente l’aspect d’un buis en boule.
Moyens : taille sur rameaux lignifiés, défoliation / désaiguillage, engrais
Au cœur de la part créative de notre activité, la transformation d’un arbre, ou d’un jeune plan, en bonsaï fait intervenir notre sens de l’esthétique et se doit d’être réalisée après une période de mure réflexion qui tire le meilleur parti de l’existant et anticipe l’avenir.
Ce type de travail est des plus stressant pour l’arbre ; son état de santé de départ est essentiel.
Moyens : taille de structure, jin, shari, ligature et haubanage
Après les travaux les plus lourds (rempotage, taille de structure, ligature), l’arbre doit se réadapter à sa nouvelle configuration végétative. Selon l’ampleur de l’intervention et la nature de l’espèce, cette phase peut être plus ou moins longue.
Ce n’est que lorsque qu’il présente à nouveau une croissance significative de ses branches et de son feuillage que nous pouvons à nouveau intervenir.
Moyens : laisser l’arbre au repos, en l’exonérant de toute intervention de notre part tout en lui fournissant l’eau et les éléments nutritifs nécessaires.
Certaines espèces ont un mode de développement qui ne génère qu’un seul bourgeonnement dans l’année : les pins, épicéas et sapins en sont des exemples.
Elles réagissent plus lentement et les conséquences de nos travaux ne sont souvent visibles que quelques mois plus tard. Il en est ainsi pour les rempotages, les ligatures et même les défauts d’arrosage.
Moyens : ne réaliser qu’un seul type de travail par an (par exemple rempotage l’année 1, taille de structure l’année 2, ligature l’année 3,… avant de reprendre le cycle).
Le jugement de l’état actuel de l’arbre est noté de 1 (à améliorer en priorité) à 5 (rien à faire pour le moment).
L’horizon de travail correspond au moment où l’on espère l’aboutissement des travaux. A l’échelle du développement d’un bonsaï, moins d’un an est une action « immédiate », 3 ans peuvent être considérés comme court terme, et 5 ans comme moyen terme.
La difficulté de remplissage de ces deux rubriques est liée à la subjectivité de notre jugement pour les rubriques liées à l’esthétique et à notre expérience pour l’horizon de travail.
Un œil extérieur, plus expérimenté, peut être utile.
Sans bonne santé, pas de bon bonsaï.
Entreprendre des travaux sur un arbre en mauvaise santé peut mettre sa vie en péril.
Pour déterminer les travaux à réaliser, les rubriques « substrat », « engrais », « rempotage » et « phytosanitaire » peuvent apporter des suggestions utiles.
Les racines constituent la fondation de l’arbre, tant au niveau esthétique, dans son ancrage au sol que dans son alimentation en eau.
Un bon système racinaire, riche en radicelles et en donc en poils absorbant, est une autre clé de bonne santé.
C’est au moment du rempotage que cet ensemble peut être amélioré.
Avec l’examen du tronc, on aborde l’essentiel de la partie visible du bonsaï.
Si la maturité de l’écorce ne peut être apportée que par l’action du temps, la conicité et l’absence d’intervention apparente (tailles, ligatures) sont des éléments déterminants parfaitement maîtrisables avec un peu de technique.
La face et l’inclinaison du tronc doivent être judicieusement choisis.
A condition de s'y prendre suffisament tôt, la forme du tronc peut être modelée facilement, en veillant à respecter les spécificités propres à chaque espèce.
On considère que les trois premières branches – à partir de la base de l’arbre – sont essentielles à la forme, l’équilibre et à la dynamique de l’arbre tout entier.
Elles doivent répondre aux mêmes critères que le tronc (absence de trace d’intervention, conicité, tailles, ligatures).
Elles structurent l’espace par leur position, les volumes qu’elles déterminent, et les vides qu’elles créent.
Compte-tenu de leur position basse, leur diamètre est plus difficile à maintenir en relation avec la taille de l’arbre, qui a tendance à favoriser une croissance apicale.
Pour leur examen et leur mise en forme, les branches secondaires sont à considérer comme les branches principales.
Elles sont cependant plus faciles à faire évoluer voire à remodeler.
Plus la longueur des entrenœuds est faible, plus nombreuses sont les possibilités offertes et le travail facilité.
Un pincement de qualité est une des clés de la structuration des branches secondaires.
Un bonsaï est avant tout une vision en réduction d’un arbre. Certaines caractéristiques ne supportent qu’une miniaturisation limitée, comme la taille des feuilles. Selon les espèces, les différentes techniques de réduction de la taille des feuilles donnent des résultats plus ou moins concluants. Le feuillage conditionne donc la taille du bonsaï lui-même.
Cette même taille du bonsaï détermine le rôle stylistique de chacune des feuilles : une feuille pour une branche entière sur un mini bonsaï, une branche secondaire sur un arbre de moins de 25 cm, …
Le pot est partie intégrante du bonsaï : sans lui, ce dernier ne mérite pas son nom.
Taille, forme, couleur et texture constituent autant de choix esthétiques qui doivent s’adapter au cours de l’évolution de l’arbre et … de ses besoins vitaux.
Pendant certaines périodes, il peut être nécessaire d’abandonner les aspects esthétiques pour privilégier la bonne santé - ou la croissance - de l’arbre en le plantant provisoirement dans un récipient plus grand, voire en pleine terre.
Copyright © 2008 - 2023 - Tous droits réservés
dernière mise à jour : 27 novembre 2023