TAILLE DE STRUCTURE DES BONSAÏ
La taille se structure est incontournable non seulement pour la création, mais également pour l’entretien de bonsaï déjà formés au cours de leur évolution dans le temps. C’est à travers elle que s’effectue la majorité de la mise en forme.
De même que les bougeons apicaux sont les plus favorisés, les branches supérieures reçoivent plus d’énergie que les branches basses.
En taillant plus les branches élevées, on peut redistribuer de l’énergie vers les branches les plus proches du sol, évitant leur dépérissement ou, du moins, leur faible développement relatif.
La plupart des espèces d’arbres ont une dominance apicale. Elles favorisent la pousse des bourgeons terminaux, qu’ils soient sur la cime ou à l’extrémité des branches. Les bourgeons situés plus en amont sont moins privilégiés au point où ils peuvent dépérir.
Tailler les branches leur permet de développer une masse verte plus proche du tronc, évitant ainsi les longues – et peu esthétiques – branches dénudées et rapprochant plus l’image générale du bonsaï de celle d’un arbre mature.
La pratique régulière de la taille des branches augmente mécaniquement le nombre de bourgeons. Comme le volume des racines est strictement limité dans le pot, l’arbre doit alors répartir son énergie vers la croissance de plus nombreuses feuilles.
La taille des feuilles réduit alors naturellement, d’une manière plus ou moins significative selon les espèces.
C’est à travers la taille que s’effectue la majorité de la mise en forme … le but principal de nos travaux de bonsaï-ka, il ne faut pas l’oublier !
Passer au-delà des premières appréhensions est une étape cruciale du chemin.
La réalisation de tailles de structure est traumatisante pour l’arbre : les plaies le démunissent de sa principale protection, son écorce.
La meilleure période pour ce type de taille se situe à une période où l’arbre est au repos, pour éviter que la sève ne s’échappe à flot, mais pas trop éloignée d’une période de croissance pour les tissus endommagés puissent se reconstituer à travers le processus de cicatrisation.
Concrètement, deux périodes sont favorables dans l’année : la principale entre mi-janvier et tout début mars ; la seconde, moins importante, dans la première partie du mois d’août.
Ne jamais tailler en période de gel.
On distingue plusieurs types de branches: les primaires qui s’ancrent sur le tronc, les secondaires qui sont attachées aux branches primaire, et les tertiaires qui sont issues des secondaires.
Dans la pratique du bonsaï, on va rarement au-delà des branches tertiaires pour des raisons de taille de l’arbre : les feuilles constituent les ramifications finales des branches.
Dans le cas de très petits arbres («mame»), les feuilles peuvent même constituer les ramifications secondaires.
Que l’on soit dans une démarche de création ou d’entretien, il faut garder en tête cette structure au moment du choix des branches à tailler : l’harmonie générale de l’arbre et de chacune de ses branches en dépend.
C’est la disposition de chacune d’entre elles relativement aux autres qui constitue le facteur de succès, quel que soit le style de la mise en forme choisi.
La notion de grosse branche est, bien entendu, relative à la taille de l’arbre.
Sur les arbres à feuilles caduques, le principe consiste à couper la branche avec une scie, une pince concave ou une pince à creuser, de manière à entamer, à la fois, l’écorce, le liber, le cambium et une petite partie de l’aubier (cf. physiologie). Pour une branche de 2 cm de diamètre, cela correspond, en général, à 2 à 3 mm.
Cette coupe creuse permet au cambium de croitre en créant une cicatrice qui disparait rapidement (1 à 3 ans) sans laisser de boursoufle inesthétique.
Le bord de la plaie est rendue net grâce à une coupe au canif très aiguisé ou au greffoir.
Pour les pins à la physiologie légèrement différente, ou les azalées, la coupe creuse n’est pas réellement nécessaire. Une coupe droite bien ajustée est généralement suffisante à une belle cicatrisation.
Appliquer du mastic sur toutes ces tailles.
Taille récente sur un liquidambar
Taille presque refermée sur un liquidambar
Taille en cours de cicatrisation sur un charme (carpinus betulus)
Taille presque refermée sur un charme (carpinus betulus)
La taille des petites branches, par le choix des bourgeons (visibles ou dormants) qu’elle implique, permet de définir la direction de croissance des ramifications.
Ne pas tailler une petite branche permet de la faire grossir, dans le cadre de la structuration de l’arbre, pour constituer une ramification primaire ou secondaire ou pour constituer une branche de sacrifice dont le seul objectif est de faire grossir le tronc.
L’objectif du mastic est double : protéger l’intérieur du tronc contre les insectes et les maladies, mais aussi conserver une humidité suffisante pour le cambium ne dessèche pas au niveau de la plaie.
Les bons mastics (japonais, sous forme de pâte à modeler, ou autres, sous forme plus fluide) doivent conserver leur élasticité dans le temps (1 à 2 ans) pour accompagner la croissance du cal cicatriciel.
Dans la nature, il est rare que les généralités ne souffrent d’aucune exception.
Ainsi les azalées et les pins mugo n’ont pas - ou peu - de dominance apicale.
Les érables du japon ont tendance à perdre beaucoup de sève lors de tailles pratiquées hors période de repos. Privilégier la période située juste après la chute des feuilles, le mois d’août et le mois de mars, au moment du rempotage.
Si, dans cette dernière période, l’hémorragie est trop importante, un rempotage avec taille des racines permet de l’arrêter.
Appliquer du mastic sur toutes les tailles.
Pour la taille comme pour la ligature, il est nécessaire de développer des expériences pratiques.
Les éléments apportés ici sont des points clés qui ont pour objectif de faciliter la compréhension du geste qui, quant à lui, devra être acquis par l’exemple et l’expérience.
Un minimum de connaissance de la physiologie des arbres permet de mieux comprendre le pourquoi des techniques pratiquées.
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dernière mise à jour : 27 novembre 2023