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AMELIORER L'ESTHETIQUE D'UN BONSAÏ
Durant son processus de formation comme au cours de sa vie, un bonsaï passe par différents stades.
L’étape de raffinement consiste à procéder à différents ajustements qui optimiseront l’esthétique du bonsaï avant son exposition.
Pour ces travaux, on peut se référer au terme japonais de «Mochikomi». Il regroupe les concepts de «sensation d’âge dégagée par un bonsaï parvenu à maturité» et de «résultat des soins apportés à l’arbre en pot pendant une longue période».
Pour entreprendre les travaux de raffinement, le bonsaï doit être prêt à les recevoir. Le bon moment est celui où l’architecture de l’arbre est établie, lorsque les branches principales sont en place.
Sur les tout petits bonsaï (moins de 10 cm : «mame» et mini), le positionnement des branches primaires est suffisant.
Sur ceux qui sont un peu plus grands (moins de 20 cm «shohin»), il est préférable d’attendre l’établissement des secondaires.
Pour les autres, c’est la présence des branches tertiaires bien positionnées qui constitue l'indicateur.
Un des critères clés d’appréciation d’un bonsaï est qu’il évoque un arbre mature dans la nature.
Cet état varie selon l’espèce et le biotope : un cyprès colonnaire de Toscane ne ressemble pas un pommier au milieu d’un champ normand, à un genévrier de la baie d’Ha Long, à un arbre des côtes de la mer du Nord battu par le vent du large, ou un pin à crochet des Alpes soumis aux chutes de neiges et au éboulis de roche. Nous avons déjà pris en compte ces particularités dans les phases antérieures de la construction du l’arbre.
Les arbres matures présentent cependant tous des caractéristiques communes qui nous font ressentir leur âge avancé : ce sont elles qui constituent autant de pistes pour le raffinement de nos bonsaï.
Au cours de sa vie, un arbre développe en permanence ses racines en même temps que son feuillage. Celles situées au plus proche de la surface grossissent et viennent à affleurer le sol. L’eau de pluie qui descend le long du tronc vient raviner la surface de la terre, finissant par les mettre partiellement à nu. Les animaux viennent également gratter la surface du sol, à la recherche de nourriture, amplifiant le processus.
Au cours de nos rempotages, nous avons travaillé le système racinaire du bonsaï pour développer le réseau de fines radicelles nécessaires à sa survie, mais également quelques racines de surface plus grosses pour constituer le «nebari».
C’est dans la phase de raffinement que la question de les faire apparaître intervient.
Si elles n’existent pas, le travail reste à accomplir lors des prochains rempotages.
Si leur disposition ou leur épaisseur sont incohérentes avec l’arbre, il est inutile de les faire apparaitre : l’esthétique globale en pâtirait. D’ailleurs, la qualité du départ des racines n’est pas considérée comme discriminante sur les conifères.
Si, en revanche, le «nebari» est satisfaisant, il concoure significativement à la sensation de maturité du bonsaï et il ne faut pas hésiter à le mettre en valeur.
Le tronc est le second élément à considérer : sa texture et sa couleur sont des bons indicateurs de l’âge de l’arbre.
La maturité de l’écorce des conifères se traduit par la mise en place d’une texture marquée avec des fissures d’orientation plutôt verticale.
Celle des caducs est plus subtile : la texture est globalement plus lisse et les fissures éventuelles sont en général horizontales. L’écorce peut également faire apparaitre des plaques ou des callosités. Pour un certain nombre de ces espèces, comme les hêtres, l’écorce demeure relativement lisse quel que soit l’âge de l’arbre.
Dans l’un comme dans l’autre cas, la couleur évolue lentement avec le temps. Pour les érables du Japon, par exemple, il faut attendre parfois près de vingt ans pour que la couleur du tronc passe du vert à un gris clair. Il est possible d’accélérer un peu le processus en le peignant avec un liquide à jin dilué, en fin d’automne par exemple.
Des techniques de scarification sont proposées par certains ; leur usage crée des portes d’entrée pour les maladies et les insectes. Elles ne doivent être envisagées qu’après mure réflexion et, en tout état de cause, respecter la nature des fissures propre à l’espèce.
Pendant cette phase de raffinement, le tronc est certainement la partie de l’arbre sur laquelle nous avons le moins de moyens d’actions à court terme : le temps est le maître du jeu.
Les branches participent largement à l’impression d’âge ressentie face un bonsaï. Là encore, l’espèce joue un rôle significatif. D’une manière schématique, on peut retenir certains principes.
Les branches les plus basses des conifères matures, soumises au poids de la neige des hivers successifs, s’affaissent vers le sol. Leur extrémité constituée de rameaux récents a cependant tendance à se relever. En progressant le long du tronc, les branches sont de plus en plus jeunes. N’ayant été exposées qu’à un nombre plus limité d’hivers, leur orientation est progressivement plus verticale en se rapprochant de la cime. En phase de raffinement d’un bonsaï, la ligature des plus fines branches est le moyen le plus efficace de reproduire cette architecture.
Les branches des caducs ne descendent que rarement au-delà de l’horizontale. La plupart de ces espèces n’est pas capable d’assurer un flux de sève suffisant dans les branches dépassant cette limite. L’orientation des branches suit la même logique que celle des conifères : plus on se rapproche du sommet, plus leur orientation est verticale. A contrario, un arbre dont le tronc a été cassé ou coupé développe de vigoureuses pousses verticales dans le but de reconstituer une cime ; ce comportement est bien visible sur certains arbres élagués … ce n’est pas ce l’impression que nous voulons donner. A ce stade de la formation d’un bonsaï à feuilles caduques, c’est la taille - éventuellement associée à la mise en place de haubans - qui est à privilégier.
Avec un bonsaï, nous sommes dans le domaine de la représentation schématisée d’un arbre : nous ne pourrons pas, même en parvenant à réduire leur taille, avoir autant de feuilles que sur un arbre mature.
Ainsi, sur les «mame» et les mini, chaque feuille représente une branche secondaire entière. Pour les «shohin», ce sont celles attachées à une branche secondaire qui jouent le rôle d'une branche tertiaire, et ainsi de suite selon la taille du bonsaï .
Les branches qui poussent directement vers le sol ou vers l’intérieur de la ramure sont rares chez un arbre mature : comme toute plante, il cherche à optimiser la captation de la lumière solaire, en minimisant ses efforts pour créer de la matière.
Sur un bonsaï, cela se traduit par la suppression des pousses prenant ces directions, mais également, chez les caducs, par la taille des feuilles présentant les mêmes orientations. Pour les pins, les extrémités des branches sont redressées et les aiguilles se dirigeant vers le sol sont supprimées. De même, les pousses de genévrier orientées sous les branches sont éliminées par pincement, évitant ainsi l’effet « pompon ».
Avec ces interventions, on parvient naturellement au renforcement des fameux plateaux, si chers aux amateurs de bonsaï.
En se plaçant au pied d’un arbre mature solitaire et en levant les yeux, on aperçoit toujours des parties du ciel à travers le feuillage. C’est là également un mécanisme d’optimisation de sa part : en laissant des espaces vides entre ses branches, il permet aux rayons du soleil d’atteindre celles qui sont les plus basses et pour la construction desquelles il a déjà fourni beaucoup d’efforts.
Dans les forêts, ce comportement ne s’applique pas : face à la concurrence pour l’accès à la lumière, les arbres abandonnent les branches les plus basses au profit de leur développement en hauteur.
Nous pouvons reproduire ces schémas pour nos bonsaï en limitant la densité du feuillage pour les arbres solitaires et en éliminant les branches inférieures des arbres situées au centre de nos forêts.
Lorsqu’un arbre atteint la hauteur et l’âge pour lesquels il est génétiquement programmé, la dominance apicale diminue : les branches de sa cime cessent de croitre avec force pour basculer vers le développement d’une ramification plus fine. La cime s’arrondit progressivement. Cette forme est, quelle que soit son espèce, une caractéristique majeure d’un arbre à maturité.
C’est bien la formation de cette cime sur un bonsaï qui est la plus compliquée à mettre en place : l’arbre n’atteindra jamais la hauteur programmée pour son espèce.
Une cime arrondie s’obtient par la ligature et par la taille. Sa forme n’est jamais acquise et doit être reconstruite année après année.
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dernière mise à jour : 28 décembre 2024