HIVERNAGE D'UN BONSAÏ

Comment permettre à un bonsaï de passer l’hiver à l’extérieur dans de bonnes conditions.

Contrairement aux idées reçues, le froid n'est pas fondamentalement dangereux pour les bonsaï. Les arbres des climats tempérés ont besoin de repos pendant l'hiver, faute de quoi ils s'épuisent et finissent par mourir ...

Repos !

Les arbres des climats tempérés ont besoin de repos pendant l'hiver, faute de quoi ils s'épuisent et finissent par mourir.
Ils ont donc développé un mécanisme de protection qui, grossièrement en dessous de 8 à 9 °C, fige la sève présente dans le tronc et les branches pour former des sortes de bouchons.
Selon les espèces, une faible circulation persiste cependant à des niveaux variés.

10°C sous le zéro !

Contrairement aux idées reçues, un brin anthropomorphiques, le froid n'est pas fondamentalement dangereux pour les bonsaï réalisés avec des espèces de climat tempéré, tant que les températures ne descendent pas en dessous de moins 10°C.
... mais il y a bien entendu quelques exceptions, en particulier pour les espèces aux racines charnues (acer buergerianum, par exemple) et les jeunes plans.

Les dangers

Déshydratation

Même si la consommation d'eau des arbres diminue fortement en hiver (surtout pour les arbres à feuilles caduques), il n'en demeure pas moins que, même faiblement, les bonsaï continuent à évaporer de l'eau à travers le tronc, les branches, les bourgeons, les aiguilles des conifères et les feuilles des persistants.
Lors des périodes de gel, les racines ne peuvent plus absorber d'eau.
Si, au cours de la journée, la température augmente, permettant le dégel des parties aériennes, mais pas celui du contenu du pot, l'arbre évapore de l'eau sans être capable d'en absorber.
Sur les espèces à forte et fines ramifications (ormes, par exemples), les branches fines peuvent en mourir.
En cas de gel prolongé, ce sont toutes les espèces qui sont en danger, non par la froid lui-même, mais par la déshydratation.

Fractures

Le vent peut être fort et provoquer la chute des bonsaï de leur étagère.
Si les pots sont lourds, naturellement ou lestés par le substrat humide, le risque est faible.
Dans tous les autres cas, le bris des branches - si patiemment élaborées et ramifiées - est à craindre. La neige accumulée sur les branches peut également provoquer des fractures.

Noyade

Au cours de l'hier, les pluies peuvent être plus abondantes.
Si le substrat n'est plus assez drainant, les racines ne peuvent plus respirer et l'arbre s'étouffe.
Le problème peut également intervenir si, au cours des dernières saisons, les racines ont trop poussé, envahissant le pot et bloquant la libre circulation d'une eau qui ne s'évapore plus naturellement et que l'arbre consomme moins.
Certains conseillent d'incliner le pot pour favoriser l'évacuation de l'eau ; c'est en général un effort inutile dans la mesure où l'eau s'accumule dans une cuvette située entre le bord du pot et le trou de drainage de plus proche. Noyées, les racines qui s'y trouvent n'en pourrissent que plus rapidement.

Maladie

Si l'hiver peut être froid, il peut également être doux ...
Il devient alors favorable au développement de maladies, en particulier cryptogamiques, favorisées par la décomposition - dans les pots - des feuilles mortes, infectées au cours de la saison.

Parasites

Les parasites son peu actifs en hiver.
Cependant, dans le secret des écorces, les oeufs et les larves vivent protégés du froid et patientent en attendant leur heure printanière ...

De fin octobre à mi-novembre

Préparer une position de repli

Lorsque les fortes gelées surviennent, il est souvent trop tard pour dégager un espace suffisant. Il est donc utile de préparer un emplacement situé le long d'un mur qui accueillera les bonsaï le cas échéant ; éviter le Sud - trop sujet à fortes variations de température - pour préférer, dans l'idéal, l'Est.
Les vérandas ne sont pas une bonne solution : la température s'y élève trop.
Attention également aux animaux : rongeurs et oiseaux. Assurez-vous que la position de repli n'y est pas trop exposée.

Eliminer les feuilles mortes

Enlever les feuilles mortes de la surface des pots permet d'éviter le développement des maladies, souvent présentes dans celles-ci.

Désherber les pots

Lors de l'élimination des feuilles, on peut effectuer le dernier désherbage des pots qui seront alors au mieux pour la reprise du printemps.

D'octobre à février

Utiliser la position de repli

En cas de gel prolongé des substrats (plus de 4 à 5 jours), placez les pots dans la position de repli.
Dès que les pots dégèlent, arrosez abondamment pour permettre aux arbres de se réhydrater.
Il est également possible de renforcer la protection avec des voiles d'hivernage non tissés ; les feuilles de plastique sont à éviter car ils provoquent un véritable effet de serre incompatible avec le repos nécessaire des bonsaï.
Les jeunes plans sont plus sensibles que les arbres plus agés : utiliser la position de repli lorsques les températures descendent sous -2 à -3°C.

Surveiller l'humidité

Au moins une fois par semaine, surveillez l'humidité des substrats.
Attention : le contrôle doit être effectué au milieu des journées sans pluie, la rosée du matin faussant le jugement.
Les substrats arbres à feuilles caduques doivent être maintenus juste humides.
Ceux des conifères, dont l'activité est plus forte, doivent être arrosés normalement.
Arrosez, au heures les plus chaudes de la journée de façon à permettre à l'eau excédentaire de s'évacuer avant le gel du soir.
Surveillez également les arbres dont les substrats sont gorgés d'eau et placez-les à l'abri de la pluie le temps qu'ils sèchent en surface.
N'arrosez pas si le pot est gelé.

En janvier et février

Profiter de la neige

La neige constitue un excellent isolant thermique. Ne l'enlevez donc pas de la surface des pots.
Vérifiez toutefois que son poids ne provoque pas la rupture de banches.

Appliquer un traitement d'hiver

Le traitement d'hiver, à base d'huile minérale, permet d'étouffer les insectes, oeufs et larves qui hibernent dans l'écorce des arbres.

Ensuite ...

Après février, il faut encore se méfier des gels tardifs sur une végétation qui a commencé à se développer.
Sur cet épicéa (picea abies), les bourgeons qui ont débourré trop vite ont gelé au début du mois d’avril. D’autres, plus tardifs dans leur développement, donnent l’espoir de ne pas perdre une saison de croissance sur cette espèce à bourgeonnement unique dans l’année.
Sur les arbres en fleurs, ce type d’événement climatique enlève tout espoir de fructification.
Sur les caducs, enfin, on peut espérer le réveil de bourgeons dormants en remplacement de ceux qui ont été détruits.