APPRECIER UN BONSAÏ
En tant que « réalisation humaine inutile et apte à transmettre une émotion », un bonsaï peut être qualifié d’œuvre d’art. Le travail quotidien pendant des années, des décennies, voire des siècles permet de « sculpter » le bonsaï et de le faire évoluer vers une maturité qui en fait une représentation stylisée de la nature « en grandeur réelle » dans laquelle chacune des personnes qui s’en est occupé imprime sa propre sensibilité.
Profondément ancré dans notre inconscient collectif de rapport émotionnel à la nature, l’arbre lui-même constitue un bon point de départ.
Sur cette base, le travail quotidien pendant des années, des décennies, voire des siècles permet de « sculpter » le bonsaï et de le faire évoluer vers une maturité qui en fait une représentation stylisée de la nature « en grandeur réelle » dans laquelle chacune des personnes qui s’en est occupé imprime sa propre sensibilité.
Comme pour toute œuvre d’art, le fait que la sensibilité d’un observateur entre ou non en résonnance avec un bonsaï particulier n’enlève rien à aux qualités intrinsèques de l’un ou de l’autre.
Un bonsaï se rapproche plus d’une sculpture, évolutive certes, que d’un tableau ou d’une œuvre sur papier.
A ce titre, il est à considérer, à un instant particulier, dans ses trois dimensions : tous le angles d’observation doivent présenter un réel intérêt.
La notion de « face » d’un bonsaï, considérée comme fondamentale dans le processus de création et dans l’exposition, répond à la difficulté de maîtriser complètement le développement de l’arbre. A l’opposé d’une sculpture ou d’un modelage, nous n’avons pas le contrôle total sur la matière qui le constitue comme la forme du départ des racines ou l’emplacement des branches.
La face d’un bonsaï permet de présenter à l’observateur le meilleur de l’arbre, celui qui correspond le mieux aux intentions de la mise en forme, dans cet environnement de contraintes imposé par le végétal.
Par définition, un bonsaï est l’alliance d’un arbre et d’un pot. On s’attend donc à certaine forme d’harmonie entre l’un et l’autre.
Elles se dégage à travers la réponse entre les dimensions, les formes, les textures et les couleurs de chacun d’entre eux ; il faut éviter que l’un ne prenne une ascendance visuelle sur l’autre.
Pour les arbres à feuilles caduques dont les feuilles changent de couleur en automne, comme pour ceux qui portent des fleurs et des fruits, les relations de teintes entre le bonsaï et son pot varient au gré des saisons. Si le choix peut être neutre et valable tout au long de l’année, des choix plus audacieux peuvent imposer une exposition à des moments précis.
Vivant, l’arbre est soumis aux maladies et aux prédateurs.
Un bonsaï est l’objets de soins quotidiens, ne serait-ce que pour l’arrosage.
La présence de maladies ou d’insectes dénote de la piètre qualité de cette observation quotidienne. Il en va de même pour la présence d’herbes indésirables à la surface du pot.
Bien que plus difficile à évaluer au premier abord, l’état des racines est également à prendre en compte : elle un facteur clé de la santé actuelle et future de l’arbre.
Au-delà même du côté artistique de la mise en forme et du choix du pot, la qualité de l’entretien quotidien constitue un réel point d’appréciation d’un bonsaï tant il est le reflet du respect accordé à l’arbre par son propriétaire.
Après la vue d’ensemble, la meilleure façon d’examiner l’arbre est de bas en haut, des racines à la cime.
Ce parcours du regard correspond à la fois au mode de croissance de l’arbre et à notre approche dans la nature dans laquelle nous nous trouvons d’abord à son pied, avant le lever la tête.
Il permet d’entrer dans un état d’esprit dans lequel le bonsaï est déjà l’image d’un arbre « grandeur nature ».
NB : la photographie d’illustration a bien été prise au niveau de la surface du pot d’un bonsaï.
La création et l’entretien d’un bonsaï passent inévitablement par des interventions humaines : pincements, tailles plus ou moins drastiques, écorçage, ligatures, haubanage, …
Le paradoxe, mais également l’intérêt, de ces activités est qu’on ne souhaite pas en voir la trace sur nos arbres autres celles que la nature aurait pu faire indépendamment de nous.
Ainsi, les coupes droites des troncs ou des branches, les cicatrices mal refermées, les fils de ligature (ou les traces de l’incrustation dans l’écorce de ceux posés dans le passé), ou encore des bois morts par trop artificiels, ne concourent pas à une appréciation positive.
Le développement des arbres dans la nature répond aux spécificités de chaque espèce. Ainsi, le port naturel d’un pin mature n’est pas celui d’un chêne au même stade.
En revanche, des aspects comme la conicité du tronc et des branches ou le fait que les arbres matures perdent les branches qui ne reçoivent pas – ou peu – de lumière, sont applicables dans tous les cas de figure.
Notre appréciation de la vraisemblance est fortement liée à notre expérience propre : un habitant des plaines pourra trouver très artificiel un bonsaï de pin ou de genévrier formé pour représenter un arbre de haute montagne avec de nombreux bois morts, comme un hêtre de plaine pourra apparaitre comme invraisemblable à un montagnard.
Seule l’accumulation de notre expérience par l’observation de la nature peut nous permettre d’élargir notre appréciation de cette vraisemblance.
L’apparence de maturité de l’arbre participe pleinement à l’émotion ressentie. Si une graine juste germée peut induire un sentiment d’émerveillement face à la vie qu’il s’éveille, l’appréciation d’un bonsaï comme image d’un arbre âgé est d’une autre nature.
Elle repose sur deux éléments principaux : la forme générale de l’arbre et l’apparence de son écorce.
La forme de d’un arbre à maturité dépend de son espèce et du milieu dans lequel il vit. Elle rejoint l’approche de la vraisemblance.
Pour ce qui est de l’apparence de l’écorce, les jeunes plans ont, en dehors que quelques espèces qualifée de « corticosa », un tronc et des branches lisses. Au cours de la croissance, l’écorce se craquelle plus ou moins selon les espèces. Seul le temps peut apporter cette apparence âgée, signe d’un arbre ayant vécu.
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dernière mise à jour : 27 novembre 2023